vendredi 28 octobre 2016

Sur les traces de Chateaubriand dans la Vallée aux loups


Il y a quelques semaines, je suis partie à la découverte du domaine départemental de la Vallée aux loups, à Châtenay-Malabry, tout près de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine. C'est incroyable le nombre d'endroits insolites qui peuvent exister à deux pas des grands axes de circulation, incroyable comme il est finalement facile de s'échapper en deux ou trois stations de RER, de se retrouver à la campagne, à une autre époque. C'est un peu ce qui m'est arrivé ce jour-là.

Le domaine de la Vallée-aux-loups bénéficie du label "jardin remarquable", et oui, c'est exactement ce qu'il est, remarquable. J'étais attirée par son nom (ici vous ne rencontrerez pourtant pas de loups) et tout le mystère qui l'enveloppait dans mon imaginaire. Surtout, j'étais très curieuse de découvrir ce parc qui a été créé par un monsieur qui n'est autre que l'illustre François-René de Chateaubriand.

À croire que le passif entre cet écrivain et moi est un fil rouge dans ma vie, moi qui ai passé une épreuve de mon bac de Français sur un de ses textes, qui ai étudié dans une école qui porte son nom, beaucoup travaillé sur ses Mémoires d'outre-tombe, moi encore qui suis tombée amoureuse de sa ville natale, Saint-Malo, qui ai brodé son portrait, ce célèbre portrait d'un romantisme absolu, que j'étais d'ailleurs allée photographier tout en haut du Grand Bé, où se trouve la tombe de l'auteur, dont les cendres ont été dispersées face à la mer selon ses souhaits.

Par-delà ma découverte du parc, que j'ai énormément apprécié, j'ai donc été très touchée par ce que m'a appris la visite de la maison où Chateaubriand aura vécu 10 ans.

Je me suis promenée dans le parc comme dans un livre, car dans ce jardin, créé de toutes pièces par l'écrivain, il semble que c'est tout le contenu de ses écrits qu'on retrouve, matérialisé, vivant. Ce sont ses voyages en Orient, ses voyages dans le monde entier, racontés notamment dans L'itinéraire de Jérusalem à Paris. Tout cela se retrouve à travers les espèces rares choisies par Chateaubriand lui-même pour concevoir ce parc. C'est drôle, on dit souvent que les chefs-d'oeuvre perdurent quand meurent leurs auteurs. Ici, je crois que ce qui m'a le plus émue est de découvrir l'oeuvre, non pas telle qu'elle a perduré après la mort de Chateaubriand, mais telle que lui-même n'a jamais eu la possibilité de l'admirer. Comme une oeuvre posthume dont il n'aurait semé que les graines, pour la laisser se réaliser par elle-même après lui. Une oeuvre vieille de plus de deux siècles et dont la beauté, à travers des arbres magnifiques, continue encore de se déployer.

Je trouve cet héritage aussi beau que ses livres.

J'ai aussi été touchée par l'histoire d'amour avortée entre Chateaubriand et ce jardin qu'il aimait tant. L'écrivain, bien malgré lui, n'y a en effet vécu que 10 ans, forcé de revendre après que la perte de son salaire de ministre d'Etat, pour avoir osé s'opposer au pouvoir en place, l'a totalement ruiné. En quittant ce domaine où il avait trouvé de quoi recréer tout un voyage immobile, lui qui s'y était installé dès son retour d'Orient, il a d'ailleurs déclaré que ce qui lui brisait davantage encore le coeur que de devoir abandonner cette maison, c'était de quitter ses arbres.

Dans la maison, il ne reste plus grand chose de ce qui fut l'environnement de Chateaubriand au temps où il y a vécu. Les meubles ont également été vendus au moment de son départ, dispersés vers de multiples destinations, et il est très difficile de retrouver leur trace. Petit à petit, on remonte le temps, traque les témoignages, pour ici et là récupérer des morceaux d'Histoire, de l'histoire, comme l'écritoire sur lequel travailla Chateaubriand dans sa maison, vendu, perdu de vue, et qui vient de retrouver sa place entre les murs qu'il avait quitté.



Un petit morceau du "jardin d'automne", où ont été judicieusement plantés les arbres présentant les plus jolis feuillages en cette saison. Érables, Ginkgos, tous semblent se donner à coeur de faire vivre les couleurs d'automne. 












 Le cèdre bleu pleureur de l'Atlas, élu arbre de l'année 2015

Il n'est pas né dans le jardin, mais y a été transplanté 20 ans après sa naissance pour en devenir une pièce maîtresse. Planté au bord de l'eau, il se développe à merveille à cet endroit. On dit que cet arbre est certainement le pied mère de tous les autres cèdres bleus pleureurs d'Europe car il fut la première mutation au monde du cèdre bleu de l'Atlas multiplié ensuite par les pépiniéristes. 

Ses branches sont si tortueuses et imposantes qu'il a besoin de 30 tuteurs, qui ne sont autres que des sculptures réalisées par un artiste et plantées dans le sol en respectant l'implantation des racines de l'arbre. C'est très impressionnant de se faufiler sous le feuillage de l'arbre, il se dégage une atmosphère vraiment mystérieuse, et les nuances bleutées des aiguilles se décuplent avec le Soleil qui filtre à travers les branches. Je crois que j'aurais pu y rester des heures...


Ces stalagmites sont en fait des excroissances aériennes des racines du cyprès des étangs. Elles se développent particulièrement dans les milieux humides. Là encore, c'est fascinant de déambuler sur le chemin et de tomber face à ces colonies de petits gnomes naturels.





Joli clin d'oeil au caractère éminemment "littéraire" du parc, de petites bibliothèques sont venues se nicher dans le tronc de quelques arbres. Il est aussi possible d'emprunter des livres à l'accueil de la maison pour aller les lire tranquillement dans le parc. Je trouve qu'il n'y a pas plus bel hommage à faire à Chateaubriand que de faire de son jardin un lieu de lecture (et l'on n'y est pas obligé de lire le Larousse de poche que vous voyez sur la photo !)

Aviez-vous déjà entendu de ce domaine, ainsi que de son histoire ? Je vous recommande la visite si vous en avez l'occasion, elle en vaut clairement le détour !


Si vous souhaitez organiser une visite,  vous pouvez consulter par ici le site du domaine de la Vallée-aux-loups.
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4 commentaires:

  1. Bonjour,

    Je connais un peu ce parc, c'est vrai qu'il est très agréable. J'avais été époustouflée quand j'ai découvert le cèdre bleu ! Heureuse de savoir qu'il a reçu une distinction. Merci pour ce bel article qui me rappelle de jolis souvenirs :-)

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    1. De rien Claire, heureuse d'avoir pu te permettre de te remémorer quelques bons souvenirs. ;)

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  2. merci pour cette jolie balade :) et les petites bibliothèques dans les troncs c'est tellement chouette & poétique !

    Anne du Chien à Taches

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    1. Oui, j'ai adoré ce petit clin d'oeil, tellement à propos dans un tel lieu !

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